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LES RÉVÉLATIONS DE HUCK.

Pendant les vacances il n’y avait pas d’école du dimanche, et le service religieux se célébrait une heure plus tôt. Au sortir de l’église, tout le monde causait du grand événement. On n’avait pas encore trouvé la moindre trace des deux bandits. Au moment où Mme Harper s’éloignait, la femme du juge la rejoignit et lui demanda :

— Est-ce que ma Becky va dormir toute la journée, madame Harper ? Elle n’est pas raisonnable et se fatigue toujours trop ; mais je croyais qu’elle serait du moins venue avec vous au prêche.

— Avec moi ?

— Certainement, répliqua Mme Thatcher. Est-ce qu’elle n’a pas passé la nuit chez vous ?

— Mais non. Je l’ai attendue pendant une demi-heure après l’arrivée du steamer, puis j’ai pensé que vous étiez allée au-devant d’elle. Mme Thatcher pâlit et s’affaissa sur un banc. Au même instant, la tante Polly, qui s’entretenait gaiement avec une amie, vint à passer.

— Bonjour, madame Thatcher. Bonjour, madame Harper. Mon Tom est sans doute resté hier au soir chez l’une de vous, et il n’ose pas se montrer ; il sait ce qui l’attend. J’ai un compte à régler avec lui.

Mme Thatcher secoua faiblement la tête et sa pâleur augmenta. Mme Harper déclara d’un ton inquiet que Tom n’avait pas non plus passé la nuit chez elle, et tante Polly pâlit à son tour.

— Joe Harper, as-tu vu mon Tom ce matin ? demanda-t-elle.

— Non, madame.

— Quand l’as-tu vu pour la dernière fois ?

Joe essaya de se rappeler. Il était sûr de lui avoir parlé dans la grotte ; mais il ne se souvenait pas de l’avoir aperçu à bord du vapeur. Beaucoup de fidèles qui s’apprêtaient à regagner leur logis s’étaient arrêtés. Ils causaient à voix basse et tous les visages manifestaient une vive inquiétude. On interrogea anxieusement les enfants et les jeunes catéchistes qui les avaient accompagnés. Personne n’avait remarqué