Page:Twain - Les aventures de Tom Sawyer, trad Hughes, illust Sirouy, 1884.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXX

PERDUS ET RETROUVÉS.


Le mardi matin, la population de Saint-Pétersbourg continuait à se lamenter. Tom et Becky n’avaient pas été retrouvés. Des prières publiques étaient montées au ciel à leur intention ; mais aucune bonne nouvelle n’arrivait de la grotte. La plupart des chercheurs, découragés ou fatigués, étaient retournés à leurs affaires ; ils déclaraient qu’on ne retrouverait jamais les enfants. Mme Thatcher était très malade ; elle délirait par moments. Ses amis disaient que cela fendait le cœur de l’entendre appeler sa fille. Elle se redressait dans son lit, l’oreille tendue, puis laissait retomber sa tête sur son oreiller en gémissant. Quant à tante Polly, ses cheveux gris étaient devenus presque blancs.

Le mardi soir, la petite ville se coucha dans un état de désolation facile à comprendre. Tout le monde aimait ce mauvais garnement de Tom, et Becky était la fille d’un juge. Au milieu de la nuit, les cloches des églises se mirent à sonner un joyeux carillon. En un clin d’œil les rues furent remplies de gens à demi vêtus qui criaient : « Debout ! Levez-vous ! Alleluia ! ils sont retrouvés ! » Des casseroles d’étain et des cornets à bouquin augmentèrent bientôt le vacarme. La foule se massa, se dirigea vers le fleuve, rencontra une voiture découverte traînée par des citoyens qui poussaient des hourras et se mit à la suite du cortège, joignant ses cris de triomphe à ceux de l’attelage.

La ville fut illuminée ; personne ne songeait à se recoucher. Ce fut la nuit la plus joyeuse que Saint-Pétersbourg eût jamais connue. Pendant au moins une heure une procession de visiteurs défila à travers