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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.


XXXIII

MISÈRES DE HUCK LE RENTIER.


Le lecteur devinera sans peine que la trouvaille de Tom et de Huck causa une vive sensation dans la petite ville de Saint-Pétersbourg. Douze mille dollars ! C’était presque incroyable. Ce prodigieux coup de filet troubla bien des cervelles. Toutes les maisons abandonnées de Saint-Pétersbourg et des villages voisins furent disséquées planche par planche. Les fondations furent creusées et fouillées par des chercheurs de trésor, non par des enfants, mais par des hommes d’âge, dont quelques-uns passaient pour des gens sérieux et très peu romanesques. Partout où Tom et Huck se montraient, on les fêtait et on les admirait. Les deux enfants ne se rappelaient pas que leurs observations eussent jamais attiré la moindre attention avant la découverte du trésor ; mais maintenant on répétait, on commentait leurs paroles. Il semblait qu’ils fussent tout à coup devenus incapables de dire ou de faire des choses triviales. Ils étaient des personnages si remarquables que le journal de la localité publia leur biographie.

La veuve Douglas plaça l’argent de Huck à six pour cent, et, à la requête de tante Polly, le juge Thatcher en fit autant avec la part de Tom. Chacun d’eux se trouva ainsi posséder un revenu qui était tout simplement inouï, près d’un dollar par jour. C’est ce que touchait le pasteur ; non, c’est ce qu’on lui promettait, car beaucoup de fidèles oubliaient de payer leur quote-part. Un dollar et quart par semaine suffisait en cet heureux temps pour l’entretien et l’instruction d’un écolier.

Le juge Thatcher avait conçu une haute opinion de Tom. Il affirmait