Page:Twain - Les aventures de Tom Sawyer, trad Hughes, illust Sirouy, 1884.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
232
LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

commença à se désespérer. Toute la ville fut bientôt en émoi. Le matin du troisième jour, Tom eut la bonne idée de fureter derrière le vieil abattoir, dans un endroit où il y avait des boucauts vides, et il découvrit le fugitif. Notre Diogène avait dormi dans son tonneau ; il venait de déjeuner de quelques bribes dérobées çà et là, et il savourait sa pipe
Huck le rentier.
à l’ombre d’un marronnier. Les cheveux plus ébouriffés que jamais, il portait les guenilles qui lui donnaient un aspect pittoresque à l’époque où il se trouvait libre et heureux. Tom lui adressa une verte semonce, lui reprocha les tracas qu’il avait causés et l’engagea à retourner chez Mme Douglas. Le visage de Huck perdit aussitôt son expression de béatitude.

— Ne me parle pas de retourner là-bas, Tom. J’ai essayé, et j’en ai assez. C’est tannant ! La veuve est très bonne pour moi ; mais je ne me ferai jamais à ces manigances. On me réveille tous les matins à la même heure. Il faut se laver tous les matins, et avec du savon encore ! On me peigne tous les matins à me rendre aussi chauve que M. Dobbins. La veuve m’empêche de dormir dans le bûcher. Elle veut que je porte ces satanés habits qui m’étouffent. Des habits si diantrement neufs qu’ils ne laissent pas entrer l’air et que je n’ose pas rouler par