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LES RÉVÉLATIONS DE HUCK.

— Voyons, Tom, tu as toujours été mon ami ; tu ne vas pas me lâcher, hein ?

— Je suis toujours ton ami, et je voudrais t’avoir dans ma bande ; mais que dirait le monde ? On dirait : « La bande de Tom Sawyer ? Hum ! il y a des pas grand’choses dans sa bande. » C’est à cause de toi qu’on me débinerait ; tu n’aimerais pas ça, ni moi non plus.

Huck demeura un moment silencieux.

— Eh bien, dit-il enfin, je retournerai chez la veuve pour un mois, et je tâcherai de m’y habituer, si tu me laisses entrer dans ta bande.

— Convenu, Huck ! Arrive, mon vieux, et je demanderai à la veuve de ne pas tant te rembarrer pour commencer.

— Bon ! Si elle me lâche un peu la bride, je me rebifferai moins. Qui aurons-nous dans la bande ?

— Nous verrons. Quand j’aurai choisi mes lieutenants, nous aurons une initiation.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— C’est un meeting où l’on jure de se défendre les uns les autres et de ne jamais révéler les secrets de la bande, lors même qu’on vous couperait en mille morceaux, et de brûler la cervelle aux traîtres. Moi, je serai le chef, mais les autres passeront tous lieutenants à tour de rôle.

— Cela vaut mille fois mieux que d’être pirate, s’écria Huck.