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LE SERMENT.

aurait pu se dispenser de battre aussi promptement en retraite par la porte de derrière.

Ce fut le cœur gros et d’un pas alourdi que notre héros gagna l’école. La punition qui l’attendait pour avoir fait l’école buissonnière la veille ne le préoccupait guère.
Tu me feras mourir de chagrin.
Il la subit de l’air d’un homme qui supporte de si rudes épreuves que de pareilles bagatelles le laissent indifférent ; puis il s’installa à sa place, les coudes sur son pupitre, la mâchoire dans les mains, et se mit à contempler le mur avec le regard fixe d’un infortuné qui se demande s’il n’a pas atteint les dernières limites de la souffrance humaine. Son coude pressait une substance dure — peu lui importait une meurtrissure de plus ou moins ! À la longue, cependant, il changea de posture et prit d’un air distrait l’objet en question qui se trouvait enveloppé dans un vieux journal. Il déplia le papier. Un long soupir s’échappa de sa poitrine et son cœur se serra. C’était la belle boule de cuivre qui ornait naguère une paire de chenets désormais dépareillée. Cette dernière goutte d’amertume fit déborder le vase.