Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/21

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admettant que je perde ou détruise leur billet de banque, ils peuvent immédiatement en arrêter le paiement, et la Banque leur facilitera la chose. En attendant, je vais passer un mois odieux, sans le moindre profit pour moi, à moins que je ne réussisse à lui faire gagner son pari et que je ne mérite la belle situation qu’il a fait miroiter à mes yeux. Comme je voudrais que cela m’arrivât ! Des gens de cette espèce-là doivent tenir la clef des positions les plus enviables !

En réfléchissant bien à cette situation, je finis cependant par bâtir des châteaux en Espagne. Sans aucun doute, on me donnerait la forte somme ; je commencerais à « palper » le mois prochain et, après cela, tout irait bien pour moi. Pour le moment j’en étais réduit à errer dans les rues.

La vue d’un magasin de tailleur me suggéra l’idée d’échanger mes haillons contre un complet présentable.

Je ne le pouvais pas, puisque je ne possédais qu’un million de livres sterling. J’en mourais d’envie, mais j’eus le courage de passer mon chemin sans m’arrêter ; la tentation me ramena sur mes pas ; je passai et repassai devant le magasin peut-être bien plus de six fois. N’y tenant plus, j’entrai et demandai s’ils avaient à vendre un vêtement