Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/215

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— Absolument sûr. — Il va pleuvoir quarante jours et quarante nuits.

— Ne vous en effrayez pas, cher Monsieur, cela arrive assez souvent ici.

— Pas ce genre de pluie. Celle-là recouvrira la cime des montagnes, et on ne verra plus la terre.

— Entre nous, — (mais là, tout à fait officieusement) — je regrette que vous me fassiez cette révélation. Je suis obligé de ne pas vous laisser le choix entre la voile et la vapeur, et de vous imposer la vapeur. Votre bateau ne peut pas porter la centième partie de ce qu’il faudrait d’eau pour les animaux pendant onze mois. — Il vous faut une machine à distiller l’eau.

— Mais puisque je vous dis que j’en puiserai par les fenêtres avec des seaux.

— Belle réponse ! Avant que le déluge n’ait recouvert la crête des montagnes, l’eau douce par infiltration de l’eau de mer sera devenue salée. Il vous faut la vapeur pour distiller de l’eau. Je vous présente mes civilités, Monsieur. Ai-je bien compris que c’est là votre premier essai d’architecture navale ?

— Mon tout premier, Monsieur, parole d’honneur. J’ai construit cette arche sans posséder la moindre notion des constructions navales.