Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/24

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— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui vous embarrasse !

— Rien, répondis-je ; j’attends tout simplement ma monnaie.

— Voyons, dépêchez-vous, Tod ; finissez-en et donnez-lui sa monnaie.

— C’est facile à dire, reprit Tod, regardez donc le billet qu’il me présente.

Le patron du magasin examina le billet, siffla entre ses dents, les yeux écarquillés, et se dirigea vers la pile des vieux vêtements ; il se mit à les tripoter en les rangeant et en se parlant à lui-même d’un air très agité :

— Oser vendre une telle défroque à un archi-millionnaire ! Tod est fou à lier, ma parole ! Il n’en fait jamais d’autres. Il me fait perdre ma meilleure clientèle, car il est incapable d’attirer le public, à plus forte raison un millionnaire. Je vais essayer de réparer sa bévue. Je vous en prie, Monsieur, débarrassez-vous de ce complet et jetez-le vite loin de vous. Faites-moi l’honneur d’essayer cette chemise et ce vêtement. C’est tout à fait ce qu’il vous faut : un riche complet, étoffe parfaite, de bon goût, coupe à la dernière mode. Ce vêtement m’avait été commandé par un prince — vous le connaissez sans doute — son Altesse Sérénissime