Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/37

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d’ailleurs tous deux usé d’arguments probants ; lui, essayant d’invoquer à tort sa naissance et sa descendance directe de Guillaume le Conquérant, moi, me déclarant très proche parent d’Adam (comme mon nom l’attestait) ; lui, somme toute, n’appartenait qu’à une branche collatérale très récente.

En fin de compte, nous remontâmes au salon sans avoir dîné, avec le même cérémonial que tout à l’heure : là, un lunch debout nous attendait ; nous pûmes attraper des sardines et quelques fraises, et les manger sans nous occuper cette fois de l’étiquette et de la préséance ; en pareil cas le procédé employé est bien simple : pour couper court aux tergiversations, les deux invités du plus haut rang jettent en l’air un shilling ; celui qui gagne a droit à la fraise, l’autre prend le shilling ; les deux suivants font la même chose ; les autres les imitent jusqu’à extinction.

On apporta ensuite des tables et nous entamâmes tous une partie de cribbage : la mise était de 50 centimes. Les Anglais ne considèrent pas le jeu comme un simple amusement ; il faut qu’ils gagnent ou perdent quelque chose (peu importe quoi), sans cela ils ne toucheraient jamais une carte.

La partie fut des plus agréables, au moins pour