Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/39

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déclarai que je ne possédais pas un sou vaillant en dehors du fameux billet d’un million de livres dont elle avait tant entendu parler, J’ajoutai naturellement que ce billet ne m’appartenait pas ; mon aveu ne fit que piquer sa curiosité ; elle me demanda de lui raconter mon histoire sans omettre un détail ; mon récit la fit tordre de rire.

Je me demande ce qu’elle pouvait bien trouver de si risible à mon aventure ? À chaque nouveau détail, son hilarité augmentait et je dus plusieurs fois interrompre mon récit pour lui permettre de reprendre haleine.

Ce rire devenait inquiétant ! J’ai bien vu des gens pris de fou-rire, mais jamais en entendant le récit d’une histoire aussi triste et d’aventures aussi désagréables pour celui qui est en cause.

Malgré cela je l’aimais à la folie, enchanté de voir qu’elle savait tout prendre du bon côté ; une femme de cette heureuse trempe de caractère me serait des plus précieuses, au train où marchaient mes affaires !

Je lui dis naturellement que j’avais déjà dépensé par anticipation deux années de mes appointements ; elle me répondit que cela lui était égal, pourvu que je susse modérer mes dépenses et que je n’empiétasse pas sur ma troisième année de solde.