Page:Ulbach - Paul Meurice, 1883.djvu/17

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classiques n’étaient que les coiffeurs de l’antiquité, raccommodant à la pommade du jour ; mais que le romantisme, c’est-à-dire l’indépendance et l’intransigeance artistique, avait seul le pouvoir d’évoquer les maîtres antiques, sans les défigurer, sous prétexte de restauration. On ne trouvait la Vénus de Milo que sur les bahuts sculptés des forcenés du moyen âge ; les conservateurs littéraires méprisaient cette statue incapable d’accolades.

Antigone, représentée avec la mise en scène antique, les évolutions du chœur et la musique de Mendelssohn, eut un immense succès.

Paul Meurice restait fidèle à Shakspeare. Il avait commencé, au sortir du collège, peut-être au collège même, une traduction abrégée d’Hamlet. Un jour, il fit lire cette traduction à Alexandre Dumas. Le grand vulgarisateur fut frappé de ce travail, de ce tour de force ; il l’arrangea, le signa avec Meurice, le mit en scène, et fit jouer Hamlet au théâtre Historique par Rouvière, qui fut sublime, absolument shakspearien, un peu trop peut-être au goût d’Alexandre Dumas, qui avait une certaine modération bourgeoise dans l’envolée supérieure de l’esprit.