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LETTRE VINGT-SEPTIÈME


de fréquents éclairs et le roulement du tonnerre annoncèrent un violent orage ; Jeanne et moi venions de nous coucher ; les lumières étaient éteintes. Elle dormait dans son cabinet, du moins je le pensais ; moi je poursuivais, toujours infructueusement, mon idée fixe, quand un terrible fracas éclata ; aussitôt la porte vitrée s’ouvre ; Jeanne, effarée, en chemise, se précipite vers mon lit, me suppliant de la laisser coucher avec moi, car elle a, me dit-elle, une peur affreuse.

Qu’en dis-tu ? la Providence n’exauçait-elle pas mes vœux ?

Je m’empresse de me reculer, je fais place à ma jolie peureuse, qui se glisse tremblante à mes côtés. Je la rassure d’abord, je l’embrasse. À chaque nouvel éclair, à chaque grondement de la foudre, elle se rapproche davantage et se serre sur moi ; ses frayeurs et mes caresses redoublent.

Je te laisse à penser dans quel état j’étais

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