écrié, en me couvrant de baisers : « Adèle,
mon cher ange, tu me rends le plus heureux
des hommes ! »
Pauvre ami, comme je le trompe ! Je t’assure que j’en ai des remords ; pourtant puis-je faire autrement ? Il le faut dans l’intérêt de son bonheur, car je l’aime, vois-tu, je l’aime véritablement.
Aussi, de quelle résolution ai-je dû m’armer, lorsqu’il m’a fallu contraindre le sentiment qui m’entraînait vers lui, et feindre la résistance à des désirs que je partageais !
Je te donnerais bien des détails plus circonstanciés, mais, ma chère amie, je ne suis plus libre maintenant ; je ne puis m’enfermer dans ma chambre comme autrefois ; j’ai un seigneur et maître qui a le droit de pénétrer chez moi à tout instant de la journée, et de me demander compte de mes moindres actions. Je profite donc d’une absence de mon tyran pour t’écrire ces quelques lignes.