laisser voir ; mais je m’imaginais, à voir les
traits un peu anguleux de sa physionomie,
ses doigts effilés, ses pieds étroits et allongés,
je m’imaginais, dis-je, que la crinoline faisait
en grande partie les frais du domaine
que mon oncle a seul le droit de parcourir
de minuit à neuf heures du matin ; je dis
seul, parce que j’ai une idée très-haute de la
sagesse de ma tante ; eh bien ! ma chère
amie, j’étais dans une erreur profonde, et
mon oncle, qui, du reste, adore sa femme,
est un mortel infiniment plus fortuné que
je ne me le persuadais. C’est, en vérité, une
statue de Praxitèle ou de Pradier qui partage
son lit !
Ma pauvre tante, ne se doutant guère qu’un œil indiscret était braqué sur elle, procédait aux soins de sa toilette de nuit avec un abandon, un laisser-aller que légitimait la complète solitude dont elle croyait jouir.