reviens au camp, tout le monde se moque de moi. surtout les esclaves. « Comment, me disent-ils, toi qui es un grand chef, un blanc, tu t’occupes d’une femme, et d’une esclave ? Ce n’est pas ton affaire, on ne s’occupe pas de cela. » J’essaie vainement de leur faire comprendre que les blancs regardent tous les hommes comme leurs frères et qu’ils ont toujours pitié de ceux qui souffrent, je termine mon discours en déclarant que quiconque fera du mal à cette femme aura affaire à moi.
« 20 juin. — Nous partons au point du jour. Un moment après, je m’aperçois qu’un Osseyba a pris la femme variolée dans une petite pirogue où elle est étendue ne donnant presque plus signe de vie ; je demande pourquoi il l’emmène, on me répond que, puisqu’elle n’est pas morte cette nuit, elle peut vivre encore deux ou trois jours, assez pour être vendue…
« Nous arrivons aux rapides dangereux. On débarque les esclaves. Une partie des Okandas descend à terre. Les esclaves sont tenus par leurs propriétaires au moyen de la corde qui sert à les amarrer dans la pirogue ; pourtant ces malheureux ne songent guère à se sauver. D’un côté, il est vrai, leurs maîtres les conduisent en esclavage ; mais, de l’autre, s’ils fuyaient, ils tomberaient entre les mains des Osseybas qu’ils