Nyassa, nous avons pu constater que la traite s’y faisait avec une effroyable activité.
« Nous tenons du colonel Rigby, consul anglais et chargé d’affaires de Sa Majesté britannique à Zanzibar, qu’il passe à la douane de cette île, venant de la seule région du Nyassa, dix-neuf mille esclaves par an. Ce chiffre, bien entendu, ne comprend pas les esclaves qui sont expédiés dans les rades portugaises. Et qu’on ne se figure pas que ce chiffre de dix-neuf mille représente toutes les infortunes que cause cet envoi annuel au marché de Zanzibar. Les captifs qu’on arrache du pays ne forment qu’une légère fraction des victimes de la traite. Nous n’avons pu nous faire une idée réelle de ce commerce atroce qu’en le voyant à sa source. Pour quelques centaines d’individus que procure une de ces chasses à l’homme, des milliers d’hommes sont tués ou meurent de leurs blessures, tandis que les autres, mis en fuite, expirent de faim et de misère. D’autres milliers périssent dans les guerres civiles ou de voisinage, tués, qu’on ne l’oublie pas, par les demandes des acheteurs d’esclaves de Cuba et d’ailleurs. Les nombreux squelettes que nous avons trouvés dans ces bois, ou parmi les rochers, près des étangs, le long des chemins qui conduisent aux villages déserts, attestent l’ef-