Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/272

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à grand’peine, cette femme était une prétendue sorcière qui, la veille, avait fait mourir deux hommes, par ses sortilèges ; on allait la brûler sur un bûcher. (Dans l’Ouzaramo, la mort est toujours attribuée à un poison quelconque et suivie en conséquence du meurtre de la personne soupçonnée de l’avoir donnée ; cette personne peut se remplacer par une autre, mais il faut qu’une victime humaine soit immolée.)

« Le cœur soulevé par un tel spectacle, je m’avançais avec mes hommes à la rencontre de ce groupe, pour réprimer sa férocité ; mais au moment où nous étions prêts d’arriver, je vis les bourreaux lever leurs haches sur la victime d’un air si menaçant que je renonçai à aller plus loin ; s’il fallait que la malheureuse fût sacrifiée que ce ne fût pas du moins sous mes yeux ! »

Giraud fit appeler le chef de Zambué, espérant gagner du temps. Celui-ci arriva, ivre de pombé, et aux premières ouvertures de notre compatriote, répondit :

« Ton sultan fait ce qu’il veut chez lui ; moi, je fais ce que je veux chez moi ! »

Les bourreaux disparurent dans le fourré, toujours hurlant et battant leur tam-tam infernal. Le chef avait seulement accordé à Giraud, comme faveur insigne, que l’on couperait la