Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V

Les Victimes


E come i gru van cantando lor lai,
Facendo in ser di se limga riga ;
Cosi vid’io venir traendo gaai
Ombre portate d’alla detta briga (Dante).

(Et comme les grues qui font dans l’air de longues files vont chantant leur plainte, ainsi je vis venir, traînant des gémissements, les ombres emportées par cette tempête.)[1]


Nous avons vu que le Koran (Soura II, aia 173), consacrant la peine du talion pour le meurtre, s’exprime ainsi : « Un esclave pour un esclave. » Conformément à la Sounna, un esclave musulman n’est pas puni de mort s’il a tué un homme libre infidèle. Les lois des pays fétichistes sont plus cruelles, en voici la preuve :

Un esclave du village d’Adanlimanlango[2] ayant assassiné un homme libre du village de Daïeno, dut expier son forfait par la mort ; mais, comme ce supplice était insuffisant pour venger la mort d’un indigène libre, le maître de l’esclave devait subir en même temps que lui la peine capitale. Celui-ci qui tenait à la vie,

  1. Note de Wikisource : La Divine Comédie, L’enfer : Chant V
  2. Sur la rive droite de l’Ogôoué, au nord de l’Adzoumba.