Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/36

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régions fréquentées, jusqu’à ce jour par les traitants, ou de gagner l’extérieur avec leur proie.

Le grand Cardinal est ainsi en communauté d’idées avec Cameron, lequel a déclaré le premier avoir acquis la conviction qu’à moins de l’attaquer à sa source même, tous les efforts tentés pour détruire l’horrible mal n’aboutiraient qu’à le pallier faiblement. Largeau a dit également : « Il faut atteindre l’esclavage au cœur même de l’Afrique. Le roi des Belges[1] l’a compris quand il a fondé l’Association Européenne pour l’abolition de la traite, dont les agents, après avoir remonté le Congo, se fixeraient sur la rive occidentale du lac Tanganyika. On s’y est mal pris, jusqu’à ce jour, pour empocher la traite des nègres. Ce n’est pas par les branches qu’on attaque un arbre qu’on veut détruire, mais par les racines. Or, commencer par les côtes pour empêcher la traite, c’est attaquer les branches. Il faut la poursuivre dans le Soudan même, dans ce grand pays que les indigènes appellent Takrour, et les Arabes Sahariens Berr-El-Abiad, Terre des Esclaves ou Blad-Es-Soudan, pays des Noirs[2]. »

C’est aussi l’avis de M. Zachrissen, président

  1. S. M. Léopold II.
  2. Le Sahara algérien : les déserts de l’Erg, 2e édition, 1881, p. 245-256.