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LETTRE VINGT-SIXIÈME


conquérir la palme réservée aux amants heureux ; et, vois l’injustice ! tandis qu’il cueillait la rose, moi je me piquais aux épines !

Malgré d’héroïques efforts pour les retenir, la souffrance m’arrachait des plaintes que mon amant s’efforçait de calmer par de tendres protestations ; il regrettait de toute son âme les maux qu’il me causait, mais acharné à sa tâche impossible, s’il en fallait juger sur les apparences, il ne me laissait pas un moment de répit ; il aspirait à une victoire complète.

Combien de temps cela dura, ce que je souffris, je ne saurais le dire ; tout à coup, je ressentis une douleur aiguë, profonde, tout sembla se déchirer en moi ; je poussai un cri aussitôt étouffé sous mille baisers, puis je n’eus plus conscience de rien…

Quand je repris mes sens, Lucien, inquiet, désolé, m’appelait des noms les plus doux ;