Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de même que les Satyres, se transformant avec les progrès de l’art, sont devenus d’aimables adolescents et n’ont plus gardé de leur première forme que les oreilles de chèvres, souvent dissimulées par la chevelure ; de même Cômos, à mesure que les mœurs se polissaient, a secoué sa grossièreté native ; les oreilles même semblent s’être rapetissées à des proportions humaines, le satyre à disparu, faisant place à une divinité, aux fonctions et aux formes élégantes, type perfectionné de la jeunesse bien née, comparable à Eros ou à Hyménæos. La ressemblance même avec ce dernier dieu a paru si complète que quelques commentateurs ont cru à une erreur de la part de Philostrate[1]. Une seule remarque suffit, ce semble, pour faire rejeter celle opinion : c’est que, pour voir dans le tableau les suites d’un banquet nuptial et Hyménæos dans le personnage allégorique, il faudrait que nous fussions sûrs que derrière ces portes dont parle Philostrate il y a bien de nouveaux époux ; or ce n’est là qu’une conjecture de Philostrate ; conjecture qui s’accorde avec la présence de Cômos ou de l’Hyménée, si elle est vraie, mais qui, si elle est fausse, chasse l’Hyménée du vestibule, et n’y laisse que Cômos, ce dieu n’ayant pas besoin d’être appelé par les cérémonies d’un mariage pour s’emparer d’un portique et donner l’essor à sa pétulante gaieté[2].



III

Les Fables.


Les Fables viennent trouver Ésope qu’elles aiment, en retour de la tendresse qu’il a pour elles. Ce n’est pas que ce genre de fiction ait été dédaigné par Homère, par Hésiode, ni par Archiloque, écrivant contre Lycambé ; mais c’est Ésope qui a mis en fable toute la vie humaine, et qui a donné aux bêtes le langage, pour parler à notre raison ; car ainsi il réprime la cupidité, il bannit la violence et la fraude ; et cela en attribuant un rôle au lion, au renard, au cheval, à tous les animaux, voire même à la tortue, qui cesse d’être muette, elle aussi, pour instruire les enfants des choses de la vie. C’est pourquoi les Fables, mises en honneur par Ésope, se pressent devant la porte du sage afin de lui

  1. Voir Otf. Müller, Manuel, § 398 de la traduct. Zoega, Bass. 92 ; Voir Gerhard, Antik. Bildwerk, pl. XX, note 47.
  2. Si les compositions décrites par Philostrate avaient un caractère plus symbolique et religieux, peut-être pourrait-on voir dans le tableau de Cômos une représentation de quelque cérémonie, usitée dans les Anthestéries athéniennes. « Cômos, dit M. Fivel (Gaz. arch. 1879, 1re livraison), qui figure si souvent parmi le thiase de Dionysos dans les peintures de vases, était le vrai roi populaire de la journée des Choës. Non seulement c’était lui qui apparaissait comme gardien des portes de l’édifice où la Basilissa était enfermée avec son époux mystique, mais la fête bruyante du théâtre était appelée par excellence, ἱερὸς κῶμος, etc. » Sur le vase de Berlin {même article) le chant des comazontes est personnifié par une figure allégorique qui porte le nom de ΠΑΙΑΝ.