Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/387

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brise la lète d'Hippolyte contre les rochers, déchire ses membres en menus lambeaux; un sculpteur aurait choisi le moment où Hippolyte renversé par le char et assailli par le monstre n’est pas encore blessé (1), ou bien il aurait montré Hippolyte traîné par ses chevaux, mais avant toute bles- sure (2); le peintre nous le représente ensanglanté et déchiré, mais non défiguré.

Le peintre avait multiplié dans ce tableau les personnages symboliques. Ce sont d'abord les Scopiaï ou rochers qui étaient représentés par des femmes le nom grec étant du féminin. Veleker pense que Philostrate désigne ainsi des nymphes Oréades, comme il donne ailleurs le nom de Thalattai à des Néréïides. C'est là une erreur, croyons-nous ; les Scopiai et les Zhalattaï ne sont point des êtres créés par l'imagination populaire et qui apparliennent à la mytho- logie prünitive; ce sont des personnifications conçues par un peintre pour servir d'ornements à son tableau; les Oréades, les réides sont vieilles comme la fable, les Thalattai, les Scopiai sont tout au plus contemporaines des premiers essais en peinture et en sculpture ; il y a même lieu de penser qu'elles ont dû plutôt leur naissance aux écoles les moins reculées de l'antiquité. Quoi qu'il en soit, des archéologues dignes de foi ont cru recon- naître des Scopiai dans les peintures de Pompéi. Qu'est-ce en elfel que celte figure couronnée, vêtue d'une étoffe blanche et violette, qui dans un tableau représentent Eros et Ganymède, regarde la scène du haut d'un ro- cher, demi-couchée et appuyée sur les deux coudes (3)? Nous retrouvons le même personnage, à peu près dans la même altitude, près d’une Aphrodite à sa toilette (4); le costume seul diffère ; ailleurs, il accompagne une Aphro dite qui pêche, unAdonis, un Endymion, une Ariadne (3); LantôL il a des ailes tantôt une espèce de nimbe. l'oujours il ressemble à un spectateur plus ou moins impassible de la scène et, pour être fidèle à son rôle et à son nom, occupe les sommets les plus élevés et les plus arides.

Les Nymphes qui seraient mieux nommées des Naïades, suivant la remar: que de Welcker, se souleyaient à demi hors des sources ou ruisseaux. Elles s’arrachaient les cheveux, frappaient leur poitrine à coups redoublés et de leur sein, dit Philostrate, coulait l'eau en abondance. Cette image a paru bizarre aux commentateurs ; pour ne point la mettre sur le compte d'un artisle, on a supposé que Philostrate s'était servi d’une expression obscure à force d’être recherchée : il aurait voulu dire uniquement que l'eau ruis- selait sur leur poitrine. Jusqu'ici l'explication est vraisemblable. Mais cette






(1) Voir les urnes de Chiusium, dans Micali, lléalie avant l« domination romaine. Atlas, pl. XXXII et XXXIIL. Nous ayons fait reproduire la planche n° XXXII. (2) Comme sur le célèbre sarcophage d'Agrigente, Gæthe, Mém., Il, p. 121 de la traduct.;

Houel, Voy. pitloresg. de Sicile et de Malte, IV, tab. 233; Saïnt-Non, Voy. pitt. de Sicile el de Naples, IV, p. 82.

(3) Helb. Wandg., n° 155. (4) Ibid. (5) lbid., 353, 354, 086. CF. 971, 124, 1390.


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