Page:Une petite encyclopedie des sports a l usage de tous - 1938.djvu/5

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AVANT-PROPOS Les parents envoient également leurs enfante chez le <pidotribe> (professeur d'éducation physique) pour qu'ila y soquièrent les qualités corporelles, y prennent le sens de la discipline et ne soient pas réduits, par l'inaptitude physique, & redouter is lutte et l’action. PLATON (Ve siècle av. J.-C.) Notre principale attention est de veiller que les citoyens portent une &e vertueuse dans un corpe plein de vigueur: persuadle que de pareils habitants feront Dearir Is cité pen- dest la pais, la préserveront des ravages de la guerre, et lui conserveront son bonheur et sa liberté. LUCIEN (11 siècle de notre ère.) Chacun sait la place que les exercices physiques occupé- rent dans l'antiquité, en Grèce surtout; après une éclipse de longs siècles, ceux-ci furent remis en honneur, sous forme de tournois, par les chevaliers du moyen âge, pour disparaitre de nouveau lentement dès la Renaissance. Dans leur belle période, le monde antique et la chevalerie mettaient sur le même plan valeur athlétique et qualités morales, voire intel- lectuelles: le pugiliste du stade avait le respect de son adver- saire et cultivait aussi la philosophie, comme le preux se fai- sait le défenseur des faibles et des opprimés, tout en aimant les beaux-arts. Après avoir régénéré la race anglaise, le sport passa sur le continent vers la fin du XIX siècle et s'y développa pour beaucoup grâce à la Rénovation des Jeux Olympiques, dont il sera question plus loin. En 1907, Paul Adam écrivait déjà: On nomine sport toute ceuvre coordonnant une série d’ac- tions physiques homogènes et raisonnées afin d’accroître l'adresse, le courage et la puissance de l'homme. Mais, à cette époque et même plus tard encore, certaines activités sportives demeuraient la risée des masses, un peu partout, sauf dans les pays britanniques. Après la guerre seulement, une impulsion extraordinaire se manifesta: pendant le conflit, athlètes anglais et américains se mêlèrent aux hommes de notre continent; on vit aussi quels étaient les avantages d’une préparation sportive pour le métier des armes. Aussi, à l'heure actuelle, les gouvernements encouragent, soutiennent, dirigent même le mouvement sportif. Mais l'individu égale- ment, accablé par les exigences de la vie moderne, a compris, selon Giraudoux, que plus il a recours aux machines, plus il doit miser sur son corps. Rien mieux que le sport ne saurait rétablir l'équilibre de l'homme rompu par toute la façon de vivre moderne. Il n'est pas beaucoup, maintenant, de jeunes gens ni même d'adultes qui ne se livrent ou ne s’intéressent un sport. Tous les jeux ou exercices sportifs n'ont pas la même valeur éducative, ne contribuent pas de la même façon au développement des qualités physiques et psychiques, mais chacun d'eux force l'être humain à s'occuper de son corps, l'empêche de se rouiller», le met en contact avec la nature magnifique; les poumons se remplissent d'air pur, l’épiderme brunit sous l'action du soleil. Le dimanche surtout et suivant la saison, courts de tennis, montagne, stades, champs de ski, routes, patinoires voient des sportifs à l'entraînement, en compétition ou comme spectateurs. En Suisse, il y a trente. ans, c'est à peine si un match international de football attirait 3.000 personnes; aujourd'hui on en compte dix fois plus. Tout de suite après la guerre encore, on voyait rarement un skieur en plaine; depuis quelques années, de nombreux trains spé- ciaux partent chaque samedi vers les hauteurs blanches. Tout du long des routes empruntées par le Tour de Suisse, des milliers de citoyens abandonnent leurs occupations pour re- garder passer les coureurs. Nul journal ne saurait rester indif- férent aux grandes manifestations; chacun a sa rubrique spé- ciale. La radio aussi a beaucoup contribué à la diffusion du sport auprès du grand public. Mais, en dépit de tous les ouvrages de vulgarisation, il reste encore des adversaires dé- clarés du sport: ce qu'on accorde au corps, prétendent-ils, détracteurs l'est au détriment de l'âme et de l'esprit. Si ces ont peut-être raison pour une certaine classe de sportifs, ils oublient en revanche, dans leur généralisation trop hâtive, que maint ecclésiastique se livre aux sports ou les voit au moins d'un bon ceil; de grands esprits se déclarent en faveur de l'éducation physique, des hommes d'Etat, des savants ont brillé dans le stade avant d'arriver à leur haute destinée; il existe un sport universitaire et scolaire. Rappellerons-nous que Rousseau, qui aimait à parcourir la campagne à pied. écrivait: Plus le corps est faible, plus il commande; plus il est fort, plus il obéit; Goethe, habile patineur et nageur, disait: La chose la plus digne dont on puisse s'occuper, c’est la forme humaine»? L'un et l'autre étaient sportifs avant la lettre. . Conscients de la valeur et de l'importance de ce grand mouvement, nous avons voulu 7 apporter la modeste contri- bution de cette petite encyclopédie du sport par le texte et par l'image. Le premier volume que voici comprend douze séries de timbres coloriés, tous tirés de documents photographiques authentiques par des artistes spécialisés; les textes traitant des sports les plus en vogue dans notre pays ont été rédigés par des champions célèbres, dont vous trouverez, en outre, les signatures fac-similaires. La première série est une ceuvre posthume du regretté Baron Pierre de Coubertin, Rénovateur des Jeux olympiques, qui, juste avant sa mort, nous a fait le grand honneur de collaborer à notre ouvrage; ces lignes de la plus grande figure du sport moderne ne seront pas lues sans une pieuse émotion. La collection, inaugurée par ce volume, sera poursuivie dans le même sens, mais nous pensons publier aussi l’opinion, les conseils, les souvenirs d'entraîneurs, pédagogues, critiques sportifs. Nous réserverons aussi une place à des sports incon- nus chez nous, qui se pratiquent beaucoup ailleurs et intriguent sûrement nos lecteurs. Vos préférences nous indiqueront la voie à suivre. Les auteurs des textes vous communiquent leurs expé- riences, décrivent leur carrière; derrière le sportif, vous dé- couvrez l'homme et apprenez qu'il n'est pas de réussite dura- ble sans persévérance, énergie, courage et abnégation; la con- clusion en est que tous les principes et les règles d’honneur du sport peuvent et devraient s'appliquer à la conduite de la vie. Nous espérons donc que chacun de nos lecteurs s’adon- nera désormais à un sport, ou, au moins, à l'humble gymnas- tique en chambre. Ainsi vous améliorérez votre santé, votre ardeur au travail et à l'étude, et développerez quelques-unes des vertus les plus fortes de l’âme. Si ce résultat est acquis, ce livre, dédié à la jeunesse suisse, n'aura pas été écrit en vain. Vevey, décembre 1938 Les éditeurs. Nous ne voudrions pas manquer d'exprimer ici notre grande reconnaissance à tous ceux qui ont bien voulu nous prêter leur précieux appui pour l'établissement de cet ouvrage.