Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/316

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lors qu’elle les vid un peu esloignées, elle sortit de ce buisson, et faisant un peu de tour, se mit à les suivre, car elle ne vouloit pas qu’elles pensassent qu’elle les eust ouyes. De fortune Phillis se tournant du costé d’où elles venoient, l’apperceut d’assez loing, et la monstra à ses compagnes, qui s’arresterent ; mais voyant qu’elle venoit vers elles, pour luy rendre le devoir que sa condition meritoit, elles retournerent en arriere, et la saluerent. Leonide, toute pleine de courtoisie, apres leur avoir rendu leur salut, s’adressant á Diane, luy dit : Sage Diane, je veux estre aujourd’huy vostre hostesse, pourveu qu’Astrée et Phillis soient de la trouppe, car je suis partie ce matin de chez Adamas mon oncle, en dessein de passer tout ce jour avec vous, pour cognoistre si ce que l’on m’a dit de vostre vertu, Diane, de vostre beauté, Astrée, de vostre merite, Phillis, respond à la renommée qui est divulguée de vous.

Diane voyant que ses compagnes s’en remettoient à elle, luy respondit: Grande nymphe, il seroit peut-estre meilleur pour nous que vous eussiez seulement nostre cognoissance par le rapport de la renommée, puis qu’elle nous est tant avantageuse ; toutesfois, puis qu’il vous plaist de nous faire cest honneur, nous le recevrons, comme nous sommes obligées de recevoir avec reverence les graces qu’il plaist au Ciel de nous faire. A ces dernieres paroles, elles la mirent entr’ elles, et la menerent au hameau de Diane, où elle fut receue d’un si bon visage, et avec tant de civilité, qu’elle s’estonnoit comme il estoit possible qu’entre les bois, et les pasturages, des personnes tant accomplies fussent eslevées. L’ apresdisnée se passa entre elles en plusieurs devis, et en des demandes que Leonide leur faisoit ; et entre autres elle s’enqueroit, qu’estoit devenu un berger nommé Celadon, qui estoit fils d’Alcippe. Diane respondit,