Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/324

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mon service. – Silvandre, Silvandre, dit Phillis, parce que le courage vous deffaut, vous cherchez des eschappatoires, mais si vous en osteray-je bien tous tous les moyens, par celle que je vous proposeray ; car c’est Diane, puis qu’il ne luy deffaut, ny esprit pour recognoistre vostre merite, ny merites puor vous donner volonté de la servir. – Quant à moy, respondit Silvandre, j’y en recognois plus que vous ne sçauriez dire, pourveu que ce ne soit point profaner ses beautez de les servir par gageure. Diane vouloit respondre, et se fust excusée de ceste corvée ; mais à la requeste de Leonide et d’Astrée, elle y consentit, avec condition toutesfois, que ceste essay ne dureroit que trois lunes.

Ceste recherche estant doncques ainsi arrestée. Silvandre se jettant à genoux, baisa la main à sa nouvelle maistresse, comme pour faire le serment de fidelité, et puis se relevant : A ceste heure, dit-il, j’ay receu vostre ordonnance, ne me permettez-vous pas, belle maistresse, de vous proposer un tort qui m’a esté fait ? Et Diane luy respondit qu’il en avoit toute liberté. Il reprit ainsi : Si pour avoir parlé trop avantageusement de mes merites, contre une personne qui me méprisoit, j’ay justement esté condamné à en faire la preuve, pourqouy ceste glorieuse de Phillis, qui a beaucoup plus de vanité que moy, et qui mesme est cause de toute ceste dispute, ne sera-t-elle condamnée à en rendre un semblable tesmoignage ? Astrée, sans attendre ce que respondroit Diane, dit qu’elle tenoit ceste requeste pour si juste, qu’elle s’asseuroit qu’elle luy seroit acordée ; et Diane en ayant demandé l’advis de la nymphe, et voyant qu’elle estoit de mesme opinion, condamna la bergere, ainsi qu’il l’avoit requis. Je n’attendois pas, dit Phillis, une sentence plus favorable, ayant telles parties ;