Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/472

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lettre le resjouyt de sorte, que depuis à veue d’œil on le voyoit amender. Elle fut telle.

Response de Leonide a Lindamor

Vostre justice esclaire de sorte, que mesme les yeux les plus fermez ne peuvent en nier la clarté. Contentez-vous que ceux que vous desirez qui la voyent par moy, ayant sceu vostre resolution, l’ont recogneue tres juste. Il est vary que tout ainsi que les blessures du corps ne sont pas du tout gueries, encor que le danger en soit osté, et qu’il faut en cela du temps, celles de l’ame en sont de mesme. Mais en ayant osté le danger par vostre valeur et prudence, vous devez laisser au temps de faire ses actions ordinaires, vous ressouvenant que les playes qui se ferment trop promptement sont sujettes à faire sac, qui par apres est plus dangereux que n’estoit la blesseure. Esperez tout ce que vous desirez, car vous le pouvez faire avec raison.

Je luy escrivis de ceste sorte à fin que la tristesse ne nuisist pas à ses blesseures, et qu’il guerist plustost. Il me rescrivit ainsi.

Replique de Lindamor a Leonide

Ainsi, belle nymphe, puissiez-vous avoir toute sorte de contentement ; comme tout le mien vient et despend de vous seule. J’espere, puis que vous me le commandez, toutesfois amour qui n’est jamais sans estre accompagné de doute, me commande que je tremble : mais fasse de moy le Ciel ce qu’il luy plaira, je sçay qu’il ne peut me refuser le tombeau.

Or ce que je luy respondis, à fin de ne vous ennuyer par tant de lettres, fut en somme qu’aussi tost qu’il pourroit souffrir le travail, il trouvast moyen de parler à moy, et qu’il cognostroit combien