Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/621

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peut-estre changé le visage. Lors chacun s’approcha pour ouyr ce qu’il diroit. Lypandas luy dit-il , je reviens icy de la part de parents et des amis de Lydias, à fin de sçavoir de ses nouvelles, et pour te sommer de ta parole ou bien de la mettre à quelque nouvelle condition, autrement ils te mandent par moy qu’ils te publieront pour homme de peu de foy.

– Estranger, respondit Lypandas, tu leur diras que Lydias se porte mieux qu’il ne fera dans peu de jours, parce qu’aujord’hui passé, je le remettray entre les main de ceux qui m’en vengeront ; que pour ma parole, je croy en estre quitte en le remettant entre les mains de la justice, car la justice ; qu’est-ce autre chose qu’une vraye liberté ? Que pour de nouvelles conditions, je n’en veux point d’autre que celle que j’ay desja proposée, qui est que l’on me remette entre les mains celuy combatit contre moy afin que j’en puisse faire à ma volonté et je delivreray Lydias, – Et qu’est-ce, luy dit-il, que tu en veux faire ? – Quand j’auray, respondit-il, à te rendre conte des mes desseins, tu le pourras sçavoir. – Et quoy, dit-il, es t-tu encore en ceste mesme opinion ? – Tout de mesme, repliqua Lypandas. – Si cela est le Chevalier triste, enyoye querir Lydias, et je te remettray celuy que tu demandes.

Lypandas qui sur tout desiroit se venger de son ennemy, car il avoit tourné toute mauvaise sur Melandre, l’envoya incontionent querir. Lydias, qui sçavoit bien ce jour estre le dernier du terme qu’on luy donné, croyoit que ce fust pour le conduire aux seigneurs de la justice ; toutesfois, encor qu’il en previst sa mort asseurée, si esleut-il plustost cela que de voir celuy qui avoit combattu pour luy en ce danger à son occasion, Quant il fut devant Lypandas, il luy dit: Lydias voicy le dernier jour que je t’ay donné pour representer ton champion entre