Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/109

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STANCES Les hommes sont sans amitié. I

Quelle erreur insensée a seduit nos esprits,

Quelle faute de cœur nous tient dans le mépris

Où si longtemps nous sommes?

Quel fut l’aveuglement qui les hommes deceut,

En leur faisant chercher l’amour parmy les hommes

Où jamais il ne fut? II

Quel siecle n’a point veu les dures cruautez,

Les barbares effects, et les déloyautez

De leurs cruelles ames?

Quels sauvages deserts, quels lieux plus reculez,

Et quels dieux n’ont ouy les cris de tant de femmes,

Mais en vain appellez? III

Thesée, où t’en fuis-tu? Paris, de quelle loy

Te sers tu contre Enone? Et toy, Troyen, pourquoy

T’en fuis-tu de Carthage?

Une seule raison les deffend contre nous;

Tout homme fait ainsi, ce n’est pas un outrage