Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/11

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les mesmes graces, dont son pere avoit appris de l’embellir, elle croit que sans effronterie elle peut se presenter devant vous, et sans temerité esperer que V. M. luy accordera quelques-uns de ses regards, qu’elle ne donne qu’aux plus belles choses.

Que si cet incomparable soing, sur lequel s’appuye la seurté de cet empire, vous permet quelquefois, Madame, de souffrir son entretien innocent, peut-estre vous fera-t’elle avouer qu’il y peut avoir de douces heures en la vie, et que ce n’est pas le moindre divertissement que V. M. puisse choisir, en attendant que Louys, ce roy qui regne encor plus absolument dans nos ames que sur nos corps, revienne chargé des lauriers qui luy restoient à cueillir, vous rendre compte de ses triomphes.

Pour moy, Madame, qui luy sers de guide au dessein qu’elle a de se donner à vous, je jure que je ne l’eusse jamais entrepris, si je n’eusse bien creu que mon obeissance excuseroit ma temerité, et