Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ont raison de nous accuser d’inconstance et de legereté. – Ah! Phillis, respondit Astrée en sousriant, vous ne prenez pas garde que je ne suis plus bergere, estant, comme vous voyez, devenue druide; et ne sçavez-vous pas que quand cette druide, qui vous donne cette outrecuidance, s’en sera allée, nous vous remettrons bien en vostre devoir. – Je vous supplie, colere bergere, adjousta Astrée, d’attendre à vous venger de moy en ce temps-là, et vous verrez que je ne me plaindray guiere du mal que vous me ferez. – Vous voulez dire, reprit Phillis, que vous aurez alors de plus sensibles déplaisirs que les nostres? – Ce n’est pas, dit Astrée, comme je l’entends. – N’est-ce point, adjousta Phillis, que vous nous tenez pour estre si bonnes, que vous voyant affligée d’ailleurs, nous n’aurons pas le courage d’augmenter vostre desplaisir? Mais vous vous trompez bien, puis que l’ingratitude est un vice si detestable, qu’il arrache des personnes mesmes plus courtoises toute sorte de discourtoisie. – Ce n’est pas encore ce que je veux dire, reprit Astrée; c’est que vous ne me verrez plus icy, quand ma belle maistresse en sera partie, estant resolue de la suivre par tout où elle ira puis qu’elle me l’a permis, et promis. – Calidon, dit Phillis, ne vous permettra [72/73] jamais ce voyage. – Calidon, reprit Astrée, n’a non plus de puissance sur moy que j’en veux avoir sur luy. – Phocion, adjousta Phillis, l’ordonnera