Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/174

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à temps pour entr’ouyr la demande que la bergere luy avoit faite, et pour entendre que le berger luy respondit ainsi:

Phillis, si les dieux ont jamais puny quelque parjure, je les supplie de faire paroistre la rigueur de leur colere sur moy, en cas que je ne vous die la verité de ce que vous me demandez. Je veux que nos druides non seulement me defendent d’assister aux communs sacrifices, et qu’ils refusent de me faire justice quand je la leur demanderay, mais je veux que tous les hommes me bannissent de leur compagnie, qu’ils me mettent hors de leur communion, et que le feu et l’eau me soient interdits, si j’ay jamais aymé que Diane. Je sçay bien que ce mot est trop temeraire pour moy, et que la declaration que je vous en fais est outrecuidée, veu le merite de cette bergere et le peu que je vaux; mais, discrette Phillis, puis que je vois la pitoyable compassion que vous avez de mon malheur, et la bonne volonté que vous portez à la belle Diane, je penserois faire une offence qui ne me devroit jamais estre pardonnée, si me damandant la verité je la vous déguisois, m’assurant qu’en cecy vostre discretion sera telle que je l’ay tousjours recogneue en toute autre chose.

Phillis luy respondit: Vous avez raison, Silvandre, de vous fier en moy, et mesme de ce qui concerne cette belle et sage bergere, puis que l’amitié que je luy porte ne cede point à l’amour que vous avez pour elle, et que recognoissant ses merites et vostre jugement, je veux croire ce que vous