Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/26

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la pointe du jour avoit mis ordre à tout ce qui estoit necessaire, tant pour faire porter Damon avec le moins d’incommodité qui se pourroit pour ses blesseures, que pour le faire conduire et Madonte aussi en asseurance à Marcilly, où il les accompagna avec Leonide et plusieurs solduriers qu’Amasis pour leur seureté luy avoit envoyez, feignant toutesfois que c’es-[11/12]toit pour l’honorer, et non pas pour craindre que par les chemins il luy fust fait aucun outrage.

Silvie, et la pluspart de ses compagnes qui sçavoient le retour de Leonide, la vindrent attendre à la derniere porte du chasteau, où elles luy firent tant de demonstrations de bonne volonté, qu’elle recogneut bien que veritablement elles l’aimoient, si toutesfois quelque vraye amitié se peut trouver dans la Cour. Mais sur toutes Silvie l’embrassa et baisa plusieurs fois, sans se pouvoir lasser de luy donner des tesmoignages de son affection; et soudain qu’elle eut salué Amasis, qui la receut avec un tres-bon visage, et qu’elle eut baisé les mains à Galathée, qui luy fit des caresses extraordinaires, elles se demeslerent le plus discrettement qu’elles peurent de leurs compagnes, et se retirerent à part, où elles se rendirent compte de tout ce qui s’estoit passé depuis qu’elles n’avoient esté ensemble.

II est vray que Leonide luy raconta bien avec quel repos d’esprit elle avoit passé le peu de jours de son esloignement en la compagnie des belles et discrettes bergeres de Lignon, et luy dit des merveilles de la beauté, des vertus et de la courtoisie et civilité, particulierement d’Astrée,