Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/74

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rien plus à souhaiter, sinon que la conservation de ce bien, duquel vous m’assurez, et de pouvoir employer les jours qui me restent en vous servant, sans vous jamais esloigner; et, pour cet effect, j’ay desjà supplié la nymphe Leonide de me favoriser et de son credit et de son advis. Et quoy que les obstacles qu’elle me propose luy semblent ne pouvoir estre surmontez, si est-ce que je les trouve si petits pour obtenir un si grand bien, que, s’il n’y en a point d’autres, je tiens la chose presque sans difficulté. Car, pour la contrarieté de mes parens qu’elle estime estre un puissant empeschement au bon-heur que je recherche, puis que le Ciel m’a ravy et mon pere et ma mere, quel parent me reste-t’il qui puisse tyranniser ma volonté, et m’empescher de me dedier au service de Celuy que, par les loix naturelles, tous les humains sont obligez de servir? Et c’est bien pour cela que je me mocque des pretentions de Calidon, quand il me pense desjà sienne, parce que, dit-il, que mon oncle Phocion trouve bon qu’il m’epouse, car je sçay assez jusqu’où va l’obeyssance et le respect que je luy dois; et je sçay qu’il est si sage et si advisé, qu’il n’en pretend pas davantage que je luy en rends.

Mais, madame, ce n’est pas de la que ma peine procede, ny la doute en laquelle je vis maintenant: c’est de sçavoir avec quel artifice je pourray gaigner vostre volonté, et celle des anciennes druides, pour estre receue parmy les autres vierges des Carnutes, afin que je ne vous esloigne jamais. Et c’est ce que je vous demande, madame, avec toutes