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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1013

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hommes. Et pour Cest effet luy soit donné jour four desduire ses raisons pardevant eux. Ainsi se conserve et s’augmente leur grandeur.

Ils m’en demanderent coppie, afin de n’y point fallir, et la leur ayant promise, je continuay : Apres, leur dis-je, on vous assignera le jour, et devant eux vous deduirez les occasions qui vous convient à vouloir mourir, sans toutesfois que vous soyez obligé de dire vostre nom, ny d’autre que vous alleguiez en vostre discours, qui doit estre fort clair et de peu de mots ; et croyez que si c’est chose juste, ils vous accorderont ce que vous requerez.

Je vis bien à ces dernieres paroles qu’Ursace vouloit mourir, car je lisois à ses yeux le contentement de son ame ; mais je cognus bien aussi qu’Olimbre n’y estoit poussé que de la seule amitié qu’il portoit à son compagnon, duquel il ne se vouloit point separer. Or quelques jours s’escoulerent de ceste sorte, au bout desquels ils eurent nouvelle d’Italie, telle qu’ils attendoyent, par un vaisseau qui leur apporta grande quantité d’esclaves, de serviteurs et de richesses.

Il faut que j’abrege ce long discours. Toutes choses donc estant prestes, ils me prierent de les accompagner devant les juges et leur rendre ce dernier et pitoyable office. Je le fis à regret, car je les aymois, et