Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus grande que celle de Thamire. Et quant à ce qui concerne Thamire et Celidée, nous déclarons que Celidée a plus d’obligation à Thamire, mais que Thamire l’a plus offensée, d’autant qu’il l’a aymée avec tant d’honnesteté, et eslevée avec tant de soing, quelle seroit ingratte, si elle ne s’en tenoit obligée. Mais l’offence qu’il luy a faicte n’a pas esté petite, lors qu’au desavantage de son affection, il a voulu satisfaire aux obligations qu’il pensoit avoir à Calidon. Et toutesfois, d’autant qu’il n’y a offense qui ne soit vaincue par la personne qui ayme bien, nous ordonnons, de l’advis de tout ceux qui ont ouy avec nous ce different, que l’amour de Celidée surmontera l’offense qu’elle a receue de Thamire, et que l’amour que Thamire luy portera à l’advenir surpassera en eschange celle que luy a portée Celidée jusques icy : Car tel est nostre jugement.

Tel fut le jugement de Leonide, qui depuis fut suivy de tous trois, encor que le pauvre Calidon en receut tant de desplaisir, que n’eust esté la cognoissance que depuis il eut de desdain de Celidée, il n’y a point de doute qu’il ne l’eust peu supporter ; mais son mal en ceste occasion luy servit de remede, lors que d’un jugement un peu plus sain, il peut considerer quelle obligation il avoit à Thamire, et quelle estoit sa folie, de vouloir estre aymé par force de