Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/206

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de ceux qui arrestent toutes les forces de l’esprit, comme n’estant que de choses indifferentes, ils prirent garde que dans le plus espais de l’ombrage, il y avoit trois bergeres avec le gentil Paris, fils d’Adamas. Pour les bergeres, elles estoient incogneues à Astrée. Quant à Paris, il s’estoit depuis quelque temps rendu si familier parmi toute cette troupe, à cause de l’amour qu’il portoit à Diane, qu’il n’y avoit celle de tout leur hameau qui ne le recogneust, voire qui ne l’aimast Aussi pour se rendre plus agreable, toutes les fois qu’il venoit voir sa maistresse, il prenoit les habits de berger comme j’ay dit, et avec une houlette en la main, vivoit parmi cette troupe comme s’il eust esté de mesme condition, tant l’amour a de force à despouiller les ames mesmes plus genereuses de toute ambition. Et parce qu’à l’heure que cette trouppe vint en ce lieu, l’une des bergeres chantoit, Astrée et Tircis s’arresterent tout court, et se tournant vers ceux qui venoient apres eux, leur firent signe d’aller doucement. Mais d’autant que la chanson estoit presque finie, ils n’ouirent que ce dernier couplet:


Madrigal