Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/21

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promptement paroistre des-obeissant ! Que s’il estoit d’avis de le coninuer, quelles peines et quels martyres ne prevoyait-il point ? Que ferons-nous donc en fin, dosoyt-il, Silvandre, puisque la poursuitte et la retraite nous sont esgalement impossibles ? Faisons, disoit-il, en se respondant, ce que le Ciel veut que nous fassions. Pour-quoy peut-on juger que les dieux l’ayent faitte si belle, sinon pour estre aymée de ceux qui la verront ? Et puis que de poursuivre et de nous retirer il nous est esgalement impossible, eslisons pour le moins des deux celuy qui est plus selon la volonté du Ciel et selon la nostre. Estamt si belle, il ordonne, quelle soit aymée, et quant à moy, je consentiroy plustost à me retirer de la vie que de son service ? Que faut-il donc que nous consultions d’avantage, puis que le Ciel et nostre volonté appreuvent une si bonne resolution ?

De fortune, quant il tenoit ces discours en soy mesme, il se trouva sur le bord de la delectable riviere de Lignon vis à vis de ce rocher, qui estant frappé de la voix, respond si intelligiblement aux derniers accens. Cela fut cause qu’apres que ces pensées luy eurent longuement roulé par l’esprit, presque comme revenant d’un profond sommeil : Mais pourquoy, dit-il, nous allons-nous consommant et embrouillant en ces contrarietez ? echo