Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


III

Comment ? ceder un tel bien à quelque autre,
Qu’Amour ordonne en effet qu’il soit nostre !
Qui plus que moy voit-elle volontiers ? Un tiers.
Un tiers ?Echo, c’est un cruel langage :
Mais s’il est vray qu’elle ayme mieux un tiers,
Au lieu d’amour qu’auroit un grand courage ? Rage.

IV

Nymphe, qui sens dedans ces rochers creuses
Quel est le mal des peines amoureuses,
N’auray-je donc jamais allegements ? Je ments.
Comment, Echo, n’est-ce pont un blaspheme
De t’accuser et dire que tu ments ?
Ce que j’entends est-ce bien la voix mesme ? Ayme.

V

C’est bien ta voix qui frappe mes oreilles :
Mais ce secret, nymphe qui me conseilles,
L’as-tu, dy moy, de ma Diane ouy ? Ouy.
Mais de l’aymer, helas ! c’est peu de chose,
Si d’elle aymée, d’elle je ne jouy.
Pour un tel heur qu’est-ce qu’on me propose ? Ose.

VI

Le Ciel noircy de tempeste et d’orage
Ne peut d’effroy m’abattre le courage.