Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/259

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temps que cette amitié estoit commencée, et que la continuation en est quelquefois languis­sante, Teombre creut qu’il la faloit ralumer par quelque jalousie, et pour ce sujet fit semblant d’aimer une jeune fille nommée Dorinde, qui avoit bien quelque beauté, mais qui cedoit en tout à Florice. Or ceste Dorinde pour lors estoit partie pour aller chez un de ses oncles, et y avoit quelques jours qu’elle estoit hors de la ville. Cela fut cause que Teombre, pour continuer sa feinte, quand ce fut à luy à chanter, prit son subjet sur cette Dorinde, et en dit quelques vers, dont je ne me sçaurois souvenir. Mais enfin le subjet estoit, qu’à son despart elle avoit fait serment d’avoir tousjours memoire de luy ; ce qu’il tenoit pour un si grand heur qu’il n’y avoit dieu dans le ciel, avec lequel il voulust changer sa fortune.

La belle Florice se sentit infiniment picquée de ces propos qui, dits en sa presence, sembloient l’offenser d’avantage ; et prenant la parole, comme si c’eust esté en deffence de Dorinde, qui en quelque façon luy touchoit d’alliance, elle luy respondit de ceste sorte :

Sonnet


Dorinde se moqua de vous,