rencontrant avec Silvie qui me cherchoit, je leur racontay de quelle sorte vous estiez eschappé, sans que personne y eust pris garde : Mais, leur dis-je, je ne fus de ma vie plus surprise que quand en entrant j’ay rencontré Amasis et Galathée, qui montaient en leur chariot, car j’estois perdue si elles m’eussent apperceue hors de la porte ; encor ne sçay-je ce qui en sera lors que l’on sçaura ce qui est advenu. Mais, mon père, luy dis-je en sousrian, et vous ma compagne, vous m’ayderez tous deux à porter ceste charge. – Ma fille, me respondit Adamas, ne craignez jamais d’estre blasmée de faire ce que vous devez, ny de recevoir du desplaisir pour semblables occasions. Les dieux desquels dependent tous les evenemens, sont trop justes pour consentir à une chose tant inique ; et si quelquefois il y a des ,accidens qui semblent advenir au contraire, prenez garde, ma fille, qu’en fin le contentement s’en redouble, voire qu’il semble que ce ne soit que pour nous l’augmenter. Et parce qu’il est tres à propos que vous preniez peine de conserver les bonnes grâces de vostre maistresse, Silvie tesmoignera que vous n’avez rien fait qu’elle ne sçache bien, et afin de vous en descharger davantage, je veux bien que toutes deux vous la faciez entrer en soupçon de moy ; car je ne seray jamais marry qu’elle croye que je haysse ce qui est contraire
Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/531
Apparence