Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/568

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dire nouvelle de ce que je desirois, et que la continuation de ses propos ne pouvoit que l’ennuyer, je changeay de discours ; et quelque temps apres, voyant qu’il se faisoit tard, Paris et moy nous retirasmes. Et ce fut lors que je sceus de Silvandre la jalousie de Lycidas, car nous venant accompagner jusques sur le bord de la riviere, je luy demanday’quelle estoit la tristesse de vostre frere, et pourquoy on ne le voyoit point ; et il me raconta qu’estant serviteur de Phillis, il.estoit devenu jaloux d’elle et de luy, et qu’expressement pour le tourmenter davantage, quand il pensoit estre veu de luy, il feignoit d’aymer Phillis et en faisoit toutes les demonstrations qu’il luy estoit possible. Voilà, Celadon, comme nous passames ceste premiere journée, et depuis ne pouvant sçavoir de vos nouvelles, j’ay tousjours continué de voir cette bonne compagnie, me semblant qu’estant aupres de celle que vous aymez, j’estois en quelque sorte aupres de vous. Cela fust cause que quand Amasis, apres avoir fait de grands preparatifs de resjouyssance, fut contrainte de les laisser inutiles pour les nouvelles de la mort du roy Merovée, encores que Silvie, par le commandement de Galathée, me fist sçavoir que je pourrois retourner à Marcilly quand je voudrois, je