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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/867

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par une bonne intelligence d’aliance qui est desja entre vous. Et quoy, seigneur, pourquoy m’as-tu fait l’honneur de me vouloir pour ta femme ? Estoit-ce pour estre ennemy de mes freres ? Estoit-ce pour ruiner ma patrie ? Estoit-ce pour voir mes parens et amis, menez esclaves en triomphe dans un pays estranger ? O quelles funestes nopces furent les miennes, et combien eust-il mieux valu que le jour de la prise de ma ville eust esté le dernier de ma vie !

A ce mot, ceste belle et sage princesse toute couverte de larmes, se laissa cheoir aux genoux d Ataulfe, les luy embrasse et serre avec tant de sanglots, que la pitié que le roy eut d’elle, surmonta la cruauté de son naturel, et l’attendrit de sorte que, la relevant, et la baisant, il luy dit : Cesse tes pleurs, Placidie, je te donne ta ville et ta patrie, et pour faire paroistre combien je desire ton contentement, je te jure par l’ame de mon pere, que je ne tourneray jamais mes armes contre tes freres, desquels à ta consideration je veux estre amy.

Le roy Goth, attendry et vaincu de ceste sorte, fait la paix avec Honorius, et sort d’Italie pour retourner dans les provinces qui avaient desja esté accordées à Alaric, son predecesseur. Mais son peuple qui estoit tout martial, et qui depuis tant d’années estoit nourry parmy les