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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/903

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que la peine que vous avez prise à nous sauver, ne demeure inutile. Et à fin que nous ne puissions estre escoutez de personne, je vous supplie de pousser la porte. Ce qu’ayant fait, et m’estant remis en ma place, il reprit la parole de ceste sorte.

Sçachez donc que Theodose, fils de l’empereur Arcadius, et le petit-fils du grand Theodose, estant empereur d’Orient, espousa Eudoxe, fille du philosbphe Leontius Athenien, encores que ceste dame ne fut pas de race tant illustre qu’eust bien requis la majesté d’un tel empereur. Si est-ce que sa beauté et sa vertu estoient telles qu’elles la pouvoient bien encores eslever à une plus haute dignité, s’il s’en fust trouvé parmy les hommes. Theodose n’eut qu’une fille d’elle, et parce qu’il aymoit passionnement sa femme, il voulut que sa fille en portast le nom. Elle fut donc appellée Eudoxe et comme si ce nom eust esté fatal aux belles, ceste jeune princesse, dés ses premieres années, parvint à une telle beauté qu’elle surpassa de beaucoup sa mere, et que chacun advouoit que la nature ne pouvoit rien faire de plus beau ny de plus parfait. En ce mesme temps Placidie ayant quelque mauvaise satisfaction de son frere Honorius, s’estoit retiree en Constantinople vers son nepveu Theodose, car elle estoit fille de Theodose le grand et sœur d’Arcadius, emmenant avec elle ses enfans