Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1001

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finy, et qu'au contraire il durera autant que je vivray, et cela d'autant que jamais vos beautez et vos merites ne partiront de mon ame.

Diane, un peu surprise, ou pour le moins feignant de l'estre : Je vous pourray bien peut-estre advouer, dict-elle, que le jour que vous m'avez demandé fut tel que vous dictes, mais je sçay bien que celuy que je vous ay accordé n'a esté que tel que les jours naturels. - Ma belle maistresse, dit Silvandre, l'on explique tousjours les choses douteuses à l'advantage du pauvre, et de celuy qui mendie, et la liberalité et la generosité sont des perfections si dignes d'une ame bien née, que je m'asseure, mes juges, que quand il y auroit quelque doute du costé de Diane, jamais vous ne voudriez diminuer en ceste belle ame des vertus qui luy sont si bien deues et si honorables.

Alexis, alors se mettant à rire : Quant à moy, dit-elle, sans attendre ce qu'Astrée et Phillis en diront, je condamne Diane, et je donne toute la raison à Silvandre, parce que celuy qui donne doit bien expliquer et restraindre sa donation, s'il n'entend pas d'accorder tout ce que celuy qui requiert luy demande, autrement, il est à croire qu'il a eu la mesme intention que celuy qui reçoit le benefice. - Ah ! s'escria la bergere, j'ay perdu ma cause, car je sçay bien qu'Astrée accordera tout ce qu'Alexis trouvera bon, et que Phillis ne contredira jamais Astrée. - Et moy, dit Adamas, j'ordonne que si en ceste feinte Silvandre ressent à