Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1011

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à ce chesne, tant il y est venu en grande abondance, de sorte que ceste année nos druides n’auront pas occasion de l’épargner en nos sacrifices, ny à nous, ny à nostre bestail. Mais outre cela, nous avons eu le plaisir des amours d’Hylas, qui est de la plus gratieuse humeur qui fust jamais, le jugement de Diane sur la recherche de Silvandre et de Phillis, et la rencontre de Daphnide et d’Alcidon, qui n’a point esté un petit entretien pour toute l’assemblée.

– Et qui est cet Hylas duquel vous parlez, dit Galathée ? – C’est, respondit la bergere, un jeune homme qui ayme toutes les bergeres qu’il rencontre, et soustient que ce n’est point inconstance, mais avec des raisons si gracieuses, qu’il est impossible de s’ennuyer quand il parle. Et jugez, madame, puis qu’il ne peut pas avoir plus de vingt ou vingt et un an, et il nous raconta plus de vingt filles, desquelles il a desja esté amoureux, et la plus part toutes presentes, et la derniere qu’il a quitté ç’a esté la belle et sage Alexis, et Dieu scait pour qui ! Je vous asseure bien, madame, que ce n’est pas pour prendre une plus belle, car il a choisi Stelle qui a desja assez d’aage, et qui n’approche en rien à la beauté de ceste belle druide. – Et quoy ? dit Galathée, la fille d’Adamas se laisse servir, et devant les yeux de chacun ? – Madame, respondit Celidée, je vous asseure que personne ne s’en peut scandaliser, et qu’il n’y a fille vestale qui le peust refuser, et si vous l’aviez veu, vous en diriez