Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1027

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on peut divertir ou adoucir pour le moins les chastimens qui sont prests de tomber sur nous.

Quant à l’oracle qui vous a esté rendu, ô vaillant chevalier, vous vous en devez contenter, puis qu’il semble estre fort favorable, soit que d’estre r’appellé de la mort à la vie s’entende de quelque grand peril où vous tomberez, et duquel vous serez retiré, ou que cette mort signifie quelque desplaisir que vous avez, et duquel vous serez deschargé bien tost. Tant y a que vous en sortirez par l’assistance de celuy que vous hayssez le plus. Voyez comme Bellenus, qui est Dieu homme, c’est-à-dire le Dieu qui ayme les hommes, et par consequent la paix et la concorde parmy eux, veut qu’ainsi qu’il nous pardonne quand nous l’offensons, nous remettions aussi les outrages à ceux qui nous font injure ! Il vous commande, ce debonnaire Dieu, de laisser la mauvaise volonté que vous avez contre un homme, et avant que vous en faire le commandement, il vous propose et promet le secours qu’il vous donnera, comme vous y voulant obliger par les devoirs de la courtoisie. Et pource, madame, et vous, genereux chevalier, remerciez Bellenus de la faveur qu’il vous fait à tous deux, afin que cette recognoissance l’oblige à vous continuer ses graces pour tousjours.

Le vacie parla de cette sorte, et la nymphe et le chevalier s’estant remis à genoux, firent