Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1031

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demy jour de plus, lequel il seroit fort à propos d’employer à rendre à Tautates ce qu’elle avoit voué. – Vous avez entendu, dit Galathée, à celuy qu’Amasis luy avoit envoyé, l’opinion de Cleontine et de Damon, asseurez Amasis que je seray demain à bonne heure aupres d’elle, la suppliant cependant de trouver bon qu’ayant faict plus de la moitié du chemin, je ne m’en retourne point sans m’acquitter des vœux qu’elle sçait bien que nous avons faicts, et que je vay rendre en partie pour elle.

Ainsi s’en alla ce chevalier, laissant Galathée en telle peine qu’elle ne se souvint point de la volonté qu’elle avoit de veoir ces belles bergeres, ny Daphnide et Alcidon, ne faisant tout le jour que parler à Damon, et chercher avec luy quel pouvoit estre le subject pour lequel Amasis la pressoit fort de s’en retourner ; et quoy qu’ils en parlassent longuement et curieusement, si est-ce qu’ils ne le peurent jamais deviner, se resolvant enfin de partir le lendemain de grand matin pour estre tant plustost auprés d’Amasis. Et dés le soir, ayant commandé que tout fust prest, Damon s’arma comme de coustume, ayant mis Galathée et ses nymphes dans leurs chariots, il monta sur un cheval que la nymphe luy avoit donné qui estoit de ceux de Clidaman son frere. Ce chevalier parut si beau aux yeux de Galathée qu’il luy fit ressouvenir du gentil Lindamor, et coulant d’une pensée en l’autre, elle