Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1079

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Et faut-il, dit-elle, mon pere, que vous partiez si promptement ? n’y a-t’il point de moyen de prolonger un peu vostre retour ? Lerindas prenant la parole : Il ne sçauroit, dit-il, s’en aller si tost, ny estre si promptement prés de la Nymphe, qu’elle le desire, et que le temps ne luy en semble long. – Ce n’est pas à vous, Lerindas, repondit la bergere, d’un visage un peu fasché, à qui je parle, car je scay assez que les messagers ont tousjours de la haste. Adamas recognoissant bien pourquoy elle le disoit, luy respondit en sousriant : Je ne puis, ma belle fille, retarder mon retour, parce que la Nymphe me mande qu’elle a promptement affaire de moy, et Lerindas m’a appris qu’il y a aupres d’elle un estranger duquel elle fait grand conte ; peut-estre est-ce chose qui luy importe grandement, et à laquelle le retardement pourroit nuire beaucoup. La bergere en pliant les espaules se retira toute triste vers Leonide qui luy faisoit signe du doigt ; et cependant chacun reprit le chemin du logis, parce que le grand druide desirant de partir incontinent apres le disner, les pria tous de s’en vouloir venir, afin que Galathée n’eust pas occasion de l’appeller paresseux.

De toute la troupe il n’y en eut point de si estonné que Hylas, parce que voyant chacun prendre party, il vouloit se mettre avec la nouvelle bergere, mais apres l’avoir cherchée longuement en vain : Belle nymphe, dit-il, s’adressant à Leonide, je vous supplie, dites-