Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1087

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Et ma voix ne trouver passage entre mes pleurs,
Qu’à souspirer mes peines.

IV

Elle a veu que chacun, considerant ma foy,
Et son humeur cruelle,
Blasmoit esgalement l’excez d’amour en moy,
Et le deffaut en elle.

V

Elle a veu que l’amour m’a reduit à tel poinct
Que j’avois plus d’envie
De mourir en l’aymant, qu’helas ! je n’avois point
De conserver ma vie.

VI

Mais que n’a-t’elle veu, la cruelle qu’elle est,
De mon cruel martyre ?
Que n’en a-t’elle veu ? Mais qu’en a-t’elle faict
Autre chose qu’en rire ?

VII

Elle a ry sans pitié des maux que j’ay soufferts,
Et d’une humeur petite :
S’il s’en fasche, dit-elle, il peut rompre ses fers,
Quant à moy, je le quitte.

VIII

Quelle force luy fais-je ? et pourquoy sans raison
Dit-il que je l’outrage ?
Puis que quand il voudra, j’ouvriray sa prison,
Qu’il sorte du servage.